Encore deux journées magiques sur le continent blanc, des centaines de pingouins, des icebergs, la découverte de la base britannique de Port Lockroy, encore quelques baleines, et c’est malheureusement l’heure de prendre le chemin du retour vers le monde normal.

Réveil à 10 heures ce 5 janvier, ma première grasse matinée à bord de l’Antarctic Dream. Le bateau est entré cette nuit dans le passage de Drake, bras de mer plutôt agité qui sépare l’Antarctique de l’Argentine. J’ai dormi à poings fermés mais apparemment ça a dû pas mal secouer car c’est le foutoir incroyable dans ma cabine. Première difficulté de taille: impossible de remettre la main sur mes lunettes que j’ai malencontreusement posées sur ma table de nuit hier soir en oubliant de les ranger dans leur étui. Et elles ne sont pas au pied de la table. Très myope, je tâtonne à quatre pattes pour tenter de les retrouver, inquiète à l’idée de les écraser par mégarde. Mais elles sont où ces lunettes?? En plus, c’est le bazar total au pied du lit. Mes trousses de toilette et de pharmacie, que j’avais laissées ouvertes sur la commode, ont également valdingué par terre et la moquette est jonchée de produits de beauté en tout genre et de plaquettes de médocs.

Lunettes enfin retrouvées, à deux mètres de la table de nuit, sous l’autre lit, pas très loin de la porte. Ouf, quel soulagement. Je retrouve en tout cas avec plaisir le tangage du bateau. Vais-je enfin avoir droit à ma petite tempête sur le trajet du retour? L’aller m’avait laissée un peu sur ma fin tant la mer avait été inhabituellement calme. Et bonne nouvelle: selon les prévisions météo, cette fois-ci ça devrait secouer un peu plus. Va enfin y avoir du sport!!

Petite journée tranquilou au rythme des conférences sur l’histoire de la découverte de l’Antarctique et de la conquête du Pôle Sud. Tri de mes innombrables photos (900 après suppression des mauvaises). Bavardages au bar avec Mark, Leon et Hugo. Les rangs des passagers s’amenuisent au fur et à mesure du tangage du bateau. L’opération retranchement dans les cabines a commencé.

Deuxième nuit dans le passage de Drake. Cette fois-ci par contre, difficile de s’endormir. Le bateau saute dans tous les sens comme un diable en furie. Impossible de rester allongée sur le côté comme j’en ai l’habitude car je manque de tomber du lit au moindre gros remous. Je me retrouve sur le ventre, agrippée au lit qui grince comme pas possible. Sans parler du vacarme assourdissant des vagues qui viennent claquer contre la coque du bateau. Ca y est, je l’ai enfin ma petite tempête.

Réveil un peu difficile en ce matin du 6 janvier. Mais ai-je vraiment dormi ? Pas sûre. Cette fois-ci, pas de problème pour retrouver mes lunettes, soigneusement rangées dans leur étui, bien à l’abri dans le tiroir de la table de nuit. Lever un peu périlleux par contre. Encore toute embrouillée de sommeil j’arrive difficilement jusqu’à la salle de bain, manque de me faire écrabouiller le pied par la porte qui vient me claquer dessus, renonce à l’idée de mettre mes lentilles au risque de m’éborgner en m’enfonçant le doigt dans l’œil… C’est vrai que ça retourne les tripes un peu dans tous les sens, mais bon, moi je trouve ça plutôt rigolo de voir transformée en parcours du combattant la moindre activité du quotidien. Opération sortie de la cabine réussie, reste à atteindre la salle de restaurant, deux étages plus haut. Oupsss…. Faut bien s’agripper aux rampes dans les escaliers.

En tout cas, il n’y a pas foule ce matin pour le petit déj. Dix passagers max. Il faut dire que tout déplacement dans le bateau est plutôt périlleux. Je n’ose même pas aller chercher mon café et demande à un serveur, beaucoup plus rompu que moi à cet exercice délicat, de me l’apporter à ma table. J’admire d’ailleurs leur habilité à se déplacer, tasses et assiettes à la main, sans presque rien renverser… Un pot de yaourt échappe tout de même malencontreusement du plateau de l’un d’entre eux pour s’exploser par terre. Une autre grosse vague et patatras… Mon café s’est renversé… Et dans le pot à sucre en plus… Ah c’est malin… Mais d’un autre côté, qu’est-ce que je marre… Pour les malheureux serveurs, c’est un peu le ballet ininterrompu des balais et serpillères pour éponger tous les dégâts.

Antarctique 3047

Et à l’extérieur, le spectacle est magique. Le mauvais temps du début de la matinée s’est dissipé pour laisser place à un grand soleil. La mer d’un bleu profond est parsemée d’écume blanche à la crête des vagues. J’adore regarder le fracas de l’eau contre la coque. Le mouvement du bateau donne l’impression d’être sur un cheval au galop. Ou alors dans une attraction de fête foraine. Pour un peu, je me croirais dans le « bateau pirate » de la Foire du Trône.

Je passe la fin de matinée dans la cabine de pilotage à admirer la vue et étudier les cartes de notre voyage. On va passer à moins de 80 kilomètres du Cap Horn m’indique l’officier aux commandes. Le capitaine avait envisagé dans la nuit d’y faire un détour, mais impossible, le vent était trop fort, et le bateau a repris son cap habituel. Quel dommage, j’aurais bien aimé voir à quoi il ressemble ce mythique Cap Horn. Tant pis, ce sera pour une autre fois.

Déjeuner très clairsemé également, même si la houle commence à se calmer un peu. La plupart des passagers n’ont pas encore mis le nez dehors de leur cabine. En tout cas, j’en ai maintenant le coeur net: je ne souffre pas du tout du mal de mer. Plutôt une bonne nouvelle pour moi qui n’avais jamais navigué en haute mer. Et petit sondage rapide auprès de l’ensemble des passagers. A priori nous ne sommes que deux à n’avoir pris aucun médicament!! Pas malade, mais fatiguée tout de même par tout ce tourneboulis et ma mauvaise nuit, je dors toute l’après-midi sur le canapé de la salle de restaurant.

Antarctique 3057

Dernier repas du soir et remise de nos certificats officiels « J’ai été en Antarctique ». Ca sent la fin du voyage et ça me déprime. Dernières rigolades au bar avec Mark, Andrew, Leon, et bien sûr Hugo, le meilleur barman d’Antarctique!! Mais je n’ai plus le cœur à faire la fête. Et c’est terrible: voilà la nuit qui commence à tomber. Plus d’une semaine qu’il faisait jour sans interruption. Ca nous fout tous un coup au moral de voir qu’il fait noir dehors. L’aventure est finie. Demain retour sur terre.

Antarctique 3062

20 commentaires pour “Adieu le paradis blanc: retour vers le monde normal”

  1. Ah oui dur le retour sur Terre. En tout cas quelle chance de ne pas souffrir du tout du mal de mer. J’imagine que tu étais encore la seule dans ton délire tempête!!


  2. maia ghersi

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    Hello Sarah!!! i finally had the time to sit down and enjoy your blog 🙂 lovely pictures 🙂 liked them all..
    I was sad to go back to work and see you had left. It was very nice meeting you and hope to see you again!
    keep in touch!
    Maia (receptionist, antarctica hostel)


    • Sarah

      Répondre

      Hi Maia… nice to hear from you on my blog… I was also sad that you weren’t working on my last day in ushuaia… I had a really great time there in antarctica hostel, thank you so much!! hope you will continue to follow me on my blog… and maybe one day I’ll come back… really would like to go back to antarctica, it was so amazing…
      sarah


  3. pascal

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    Sans commntaires…
    Ah si…20 poemes d amour et une chanson desperee. Pablo Neruda.
    Belle journee a toi pour demain…
    Spotive!!!!!!!

    La Vie est une histoire d amour.

    Certains traversent la vie, d autes en sont
    traverses.

    Bye Bye Sarah, peut-etre a demain

    Ah…SUPER BLOG


    • Sarah

      Répondre

      merci à toi. j’aime beaucoup l’idée d’être traversée par la vie… et merci merci merci pour m’avoir poussée à faire le big ice trekking… c’était génial génial génial… bises


  4. RONDEL Mireille (la cousine d'Irigny)

    Répondre

    Nous avions bonne mine avec nos 30 centimètres de neige, dans la région lyonnaise…et je te dis pas les récriminations…
    Super Sarah, tu nous fait vivre une aventure super!!! Bises


  5. RONDEL Mireille (la cousine d'Irigny)

    Répondre

    …j’oubliais…grâce à toi, je redécouvre Pablo NERUDA et ses oeuvres…
    Bises



  6. Salut,
    Je n’ai pas encore regardé tous les articles que tu as écrits sur l’Antarctique, et peut-être l’as-tu déjà précisé par ailleurs… mais je suis assez curieux de savoir combien t’a coûté cette excursion.
    En 2014, j’irai en Amérique du Sud : j’escompte réaliser des ateliers de journalisme en Colombie — il est encore trop précoce de les préparer, mais j’ai bon espoir que ça se fasse — et l’Argentine et le Chili sont clairement deux destinations privilégiées où je veux me rendre, pour des ateliers, mais pas que. Du coup, la Patagonie argentine et chilienne, et pourquoi pas Ushuaia… et l’Antarctique, ça serait carrément putain de chouette.
    Salutations,

    M.


  7. Il n’y a pas de pingouins dans l’hémisphère sud ! Vous y avez vu des manchots. Veuillez corriger cette bourde svp.


    • Sarah

      Répondre

      ce n’est pas une bourde, j’utilise volontairement le terme de « pingouin »! J’ai voyagé en Antarctique dans un contexte anglophone et hispanophone, et ai donc toujours entendu parler de « pinguin » ou « pinguinos » puisque c’est comme ça qu’on les appelle en anglais et en espagnol. La langue française est la seule au monde à faire cette distinction entre manchots et pingouins… Il y a peut-être effectivement des différences entre ces deux espèces, mais les grands explorateurs qui les avaient découverts, bien évidemment anglophones et hispanophones, les avaient du coup dénommés pingouins, puisqu’ils ressemblaient à nos « pingouins » de l’hémisphère nord… c’est l’académie des sciences en France qui a décidé d’utiliser ce mot controversé de manchot lors d’un vote très serré, puisqu’il est passé à seulement une voix près… personnellement, je préfère garder l’appellation de « pingouin »… Les pays où se trouvent ces animaux sont de langue espagnole (argentine, chili) ou anglaise (afrique du sud, australie…), alors je trouve ça cohérent de faire prévaloir leur définition… et en plus, « manchot » c’est tellement moche comme terme…!! pas moyen que j’utilise ce mot affreux!


      • Alain D.

        Répondre

        Réponse lamentable, Sarah… Quand on fait une grosse erreur, on la corrige, on ne s’y complaît pas ! Je confirme ce que dit Marc : les pingouins sont uniquement dans l’hémisphère nord (il y en a en Bretagne), les manchots uniquement dans l’hémisphère sud, et confondre les deux serait aussi idiot que confondre oies et canards. Il n’y a strictement aucune raison de nommer les manchots des pingouins, puisqu’ils sont des manchots !… Vous pouvez trouver le mot manchot moche mais c’est le seul de la langue française pour désigner ces animaux. Si vous trouvez le mot chien moche, allez-vous appeler chat votre caniche ?… Et l’argument des autres langues et du contexte anglophone et hispanophone de votre voyage, ce n’est vraiment pas un argument ! Si vous allez aux TAAF, terres françaises de ces régions et que vous y parler de pingouins, les scientifiques qui séjournent là-bas vous rirons au nez, et ils auront bien raison !…


  8. Les retours sont toujours difficiles, mais heureusement on rentre avec des souvenirs pleins la tête et beaucoup de chose à raconter et montrer!
    Votre première photo est magique vraiment!





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