Je n’ai plus envie d’écrire. Ca fait un mois que je suis en Afrique du Sud. Plein de choses à raconter. Les deux visages de Cape Town que j’ai fini par apprécier malgré une insécurité insidieuse. L’Afrique du Sud au rythme de la Coupe du Monde. Mes chasses au billet gratuit pour les matches (trois réussies, pour France-Uruguay, Angleterre-Algérie et Uruguay-Corée du Sud). Mon apprentissage pour réussir à souffler correctement dans une vuvuzela (si vous aimez pas, en tout cas, moi j’adore…). L’ambiance dans les bars de supporters. Le dégoût de la mascarade qu’ont offert les Bleus au monde entier… Rien à faire. J’ai beau me mettre devant mon ordi mais l’inspiration n’est pas au rendez-vous. Je finis inéluctablement par glandouiller sur Facebook ou regarder les photos de mes déjà six mois de voyage. Je n’arrive pas à pondre une ligne… J’ai le traveling blues.

Plus d’énergie, plus d’envie, les batteries à plat. Six mois de voyage, neuf pays, plus de 20.000 kilomètres parcourus en bus ou en bateau, des centaines de rencontres. Et je me sens fatiguée. Voyager demande beaucoup d’énergie. Il faut toujours s’adapter à un environnement nouveau. On dort mal, on mange mal. Et voyager seul demande encore plus d’énergie. Il faut toujours aller vers les autres, toujours tout organiser soit même. Sans personne sur qui se reposer quand on a un passage à vide. En six mois de voyage j’ai perdu quatre kilos… Pas grand-chose peut-être, mais c’est déjà trop pour moi qui n’ai pas beaucoup de réserves. J’ai besoin de me remplumer, mais je suis ainsi faite qu’il est plus difficile pour moi de grossir que de maigrir…

Mon arrivée dans l’ancien pays de l’Apartheid a ouvert une faille. Jamais auparavant je n’avais ressenti une insécurité au quotidien. Bien sûr, au bout d’un mois, j’ai appris à l’apprivoiser. Pas de sorties seule dans la rue à la nuit tombée. C’est-à-dire après 17 heures…. Toujours en groupe, ou sinon, c’est retranchement dans l’hôtel. Jamais en six mois en Amérique du Sud je n’ai dû à ce point changer mes habitudes. Et même dans les moments les plus anodins de la journée, il y a souvent quelqu’un de bonne volonté pour vous rappeler qu’on n’est pas dans un pays comme les autres. L’autre jour, je demande à un gardien de parking le chemin d’accès pour aller à la plage. Avec grand sourire il m’indique la voie. Tout en insistant lourdement sur le fait que je ne dois pas m’inquiéter, que le chemin est très sur… « Very safe, very safe, don’t worry »… Mais pourquoi me dit-il cela? Je n’étais pas inquiète du tout. Je descends juste un chemin côtier pour aller à la plage… Toutes ces remarques finissent par m’inquiéter… Et sur le chemin côtier je sursaute quand une nuée d’adolescents débrayés me double en courant pour se précipiter à la
plage… La paranoaïa est une maladie contagieuse.

J’ai les larmes aux yeux en passant en revue mes photos d’Amérique du Sud. Tant de moments géniaux partagés avec des gens que je ne reverrai peut-être jamais… Vertige quand j’imagine à quel point nous sommes tous dispersés aux quatre coins du monde. C’est l’amère rançon du voyage en solo. Chaque rencontre est synonyme de séparation. Je ne sais plus si je dois m’attacher ou ignorer les personnes que je croise sur ma route. Ignorer c’est des fois plus facile. Je ne m’attache plus et je poursuis ma route droit devant.

Là, je viens de passer dix jours à me ressourcer, bien dormir et bien manger. D’abord dans une ferme tranquille pas loin de Port Elisabeth. Plein d’animaux et personne à rencontrer. Ca fait du bien. Je fais des randos en solo profitant du bonheur de marcher dans des paysages magnifiques. Puis dans un backpacker génial à Coffee Bay, plage grandiose en plein milieu du Transkei sud-africain. A nouveau des rencontres éphémères. Mon moral joue au yo-yo. Je tombe toujours sur des gens qui vont vers le Sud et moi je poursuis vers le Nord. Tant pis, le voyage continue.

Un billet gratuit en échange d'un sourire pour la finale de la Coupe du Monde
Brèves de dortoir à Cape Town: canapé avec vue...

10 commentaires pour “Traveling blues”

  1. Laurence

    Répondre

    Coucou Sarah! Le temps passe, je te lis régulièrement mais voilà un bail que je n’avais pas glissé une bafouille! Six mois déjà et bcp d’images dans ta tête, bcp d’échanges c’est super! il fallait le faire et tu l’as fait, même en solo! encore bravo ! ce coup de blues va vite s’estomper le temps que tu recharges tes batteries, le temps de faire cet arrêt sur image et le point de ton chemin de Compostelle! Où que tu sois désormais engrange encore et encore de l’humain c’est à mes yeux le plus important! Je t’embrasse bien amicalement et te dis à bientôt. Laurence


  2. pascal

    Répondre

    Le blus, plus envie…plus de emémoire?….
    Moi je me souviens de ma réponse à ta question…
    Comment tu trouves mon blog?

    Bon courage Sarah, il y a quelqu’un quelque part qui t’attend. Toi et moi savons qui.


  3. Georges Coste

    Répondre

    j’espère que ça va mieux depuis. Certaines de tes remarques restent vraies, mais c’est quand on ne chante plus “always look on the bright side of life”… 😉 Prends soin de toi, voyageuse et à une prochaine !


  4. Courage.
    Accroche toi; le blues fait partie de la vie… en voyage ou pas…
    Ce sont des mauvais moments à passer… tout ce qui n’a pas tué rend plus fort.

    Au plaisir de te lire enjouée de nouveau.

    Rabby.


  5. Si ça peut te donner un peu de courage, un grand merci pour tes écrits passés, dont je m’inspire régulièrement dans la préparation de mon mini périple à moi en Amérique du Sud.
    Bon vent !
    En espérant te lire prochainement 🙂
    Mag


  6. Emily Zanier

    Répondre

    Bon maintenant je suis là!!!
    Alors moi c’est le problème inverse: dès que je pars en voyage, en général 3 kilos de plus direct! Tellement de nouvelles bouffes à essayer et j’ai toujours beaucoup plus faim!
    Sinon les rencontres éphémères sont sympas aussi, même si ce sont juste pour des conseils de voyage. Et qu’est-ce que c’est cool quand même de se dire qu’on a des amis sur tous les continents et dans tous les coins de la planète. Toi tu as même des amis pingouins en Antarctique!!


    • Sarah

      Répondre

      c’est vrai que pour les amis c’est cool… faut faire un nouveau tour du monde pour les revoir!!


  7. Coucou Sarah,
    J’aime bien ton blog que je viens de decouvrir via celui d’Adeline..
    Ah, le blues du voyageur.. qui ne l’a pas vecu ? Apres 6 mois de voyage il m’est souvent arrive de devoir me poser un peu pour reprendre mon souffle, plus moralement que physiquement. Ensuite on fait une nouvelle rencontre qui nous remotive, nous rappelle que meme si c’est ephemere une semaine avec une personne geniale venue de l’autre bout du monde c’est mieux que de ne pas la rencontrer du tout…
    Pour la parano, le tout c’est d’etre vigilant sans que ca devienne une psychose, je sais que ca doit pas etre facile en afrique surtout seule mais d’un autre cote il ya des compensations dans le paysage etc.
    Profite bien de l’Afrique en tout cas, moi qui suit de retour en pays “civilise” (en Australie actuellement) ca me manque ces pays si different de nous..


  8. afrique du sud

    Répondre

    C’est magnifique tous ces rencontres que l’on fait en voyage mais la séparation est toujours dur. Accroches toi! Ils sont présents dans ton cœur et tes pensées. C’est fascinant de te lire parce que ça me donne l’impression d’y être . Merci


  9. la Ferme TERRAVIVIA, mon nouveau monde à moi

    Souvenirs souvenirs
    je viens de lire avec un interet certain ton experience. Elle ressemble à biens des égards à l amienne; la difference que ici, à Koumbinzik, dans ce petit village qui heberge la ferme de terravivia, le monde est comme coupé du reste de l ‘univers;
    j’y ai croisé des rares eyropeens qui venaient, en ces lieux, s’abreuver de la nature et des bienfaits du depaysement.
    Votre belle aventure au senegal me rappelle un peu la ferme de Terravivia de Koumbinzik. c est tres beau, on dirait cette ferme mi sauvage, mi hors du temps que j ai visitée l’annee passée lors de mes vacances un peu bohemes au sud cameroun à Koumbinzik , juste à 12 km de la charmante bourgade de Lolodorf.
    En effet, en pleine foret équatoriale, on eu l’audace de vouloir créer une ferme agro pastorale de type biologique ( peu d’engrais que des aliments naturels pour les hommes, les plantes et les betes) avec comme parure dans ce grand jardin naturel et vegetal africain, un jardin sauvage qui heberge à la fois la faune africaine et camerounaise, mais aussi des espèces que les Sabba , la famille régnante des lieux , fait venir d’Europe et d’Amerique latine, a des fins expérimentales;
    Dans tous les cas une belle experience à vivre pour les amoureux de l’afrique..
    En fait cette ferme agricole est une maniére d’auberge espagnole qui a pour ambition de creer un ilot de prosperité ou tous les races et toutes les cultures pourront cohabiter; tout un programme, sans doute inspiré par l esprit des années “peace and love”
    En plus la ferme fait chambre d’hotes et l’acceuil y est fraternel. Le prix est dérisoire, les souvenirs sans prix.On peu meme faire du wwoofing.
    Une bonne adresse au cameroun. Leur contact : Vacances Aventure et agriculture / Terraviva Bp 236 Kribi Cameroun ; Cwsabba@aol.com


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge