Après quatre jours de glandouille sur le bateau, à picoler et jouer aux cartes, enfin un
peu d’exercice!! En pleine Patagonie, le parc national de Torres del Paine est un des plus beaux du Chili. Glaciers, montagnes et lacs bleus azurs sont au programme d’une rando de quatre jours sur le célèbre chemin du W, appelé comme ça car le parcours ressemble à un W. Je poursuis la route avec Benoît, Français, et Tarek, Australien, tous deux rencontrés sur le bateau. Et se joignent à nous Jiyoung, Coréenne, Gitta, Hollandaise, et Isabel, Allemande, la petite benjamine du groupe avec ses tout juste 19 ans… Six voyageurs en solo, pour former une vraie multinationale de la rando.

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Jour n°1: Départ dans la bonne humeur pour tout le monde ce mardi 15 décembre. On est chargés comme des baudets. Tentes, duvets, popotes, tapis de sols, quatre jours de bouffe… et sans compter les boissons (et on ne transporte pas que de l’eau…). Quatre nanas, deux mecs, trois tentes: résultat, avec les filles, on doit porter une tente à tour de rôle… un peu dur pour nos frêles épaules, mais pas le choix, alors on porte tout ça avec le sourire… Objectif du jour: rallier le glacier Grey, première branche du fameux W. Une matinée de perdue dans les transports: trois heures de bus pour rallier le parc national, une heure d’attente pour le bateau, puis une demi-heure de bateau…

Ouf, ça y est, juste le temps d’avaler nos pique-niques et on peut enfin démarrer la rando. Pff… J’ai l’impression que mon sac pèse dix tonnes, mais la beauté des paysages traversés fait vite oublier tout ça. Lac parsemé d’icebergs bleutés, montagnes enneigées… Et bientôt le glacier est en vue. Après une bonne après-midi de marche, on pose nos tentes sur un magnifique terrain de camping ensoleillé. Et c’est l’heure de l’apéro!! On pousse un peu plus loin pour se poser tranquilou au bord d’un lac, juste devant le glacier, icebergs à nos pieds. Une bonne bouteille de Pisco Sour .(merci à Gitta de l’avoir portée sur son dos toute la journée!!), tasses à camping, glaçons directement prélevés sur le lac… Comment rêver meilleur apéro?
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Bon, pour le repas du soir, ça a été un peu moins bon. Au menu: pâtes au thon, tomates et courgettes. Sur le papier, c’était plutôt une bonne idée, mais le problème, c’est qu’on a très mal maîtrisé la cuisson des pâtes… Enfin, j’ai très mal maîtrisé la cuisson des pâtes… En charge de surveiller tout ça, j’ai mal compris comment marchait le réchaud (ça a jamais été mon truc les réchauds de camping…). Résultat, le feu était au minimum, et les pâtes sont devenues une vrai bouillie… Une sorte de soupe de pâtes toutes molles et toutes collantes quoi… Heureusement, la sauce, elle, était réussie… Forcément, c’est pas moi qui m’en suis occupée… Enfin bref, tout le monde a quand même mangé son plat de pâtes avec le sourire, vue sur le lac et le soleil couchant… Une bonne douche (dans le noir, car y avait plus d’électricité au camping…) et au dodo: demain une grosse journée de marche nous attend…

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Jour n°2: Réveil après une mauvaise nuit sous la tente. Ca fait souvent ça la première nuit en camping. Difficile de trouver une position confortable avec un tapis de sol épais de quelques millimètres en guise de lit. En plus, le vent a beaucoup soufflé, bousculant les frêles arceaux dans tous les sens. Tout le monde met un peu du temps à démarrer ce matin. Le temps de prendre le petit-déj, de défaire les tentes, de remballer toutes nos affaires… Au final, tout le monde attend tout le monde, la fameuse force d’inertie des groupes, et on est enfin prêts à partir à… 11 heures du matin.

Première partie de trajet sans grand intérêt, puisque c’est la même qu’hier. Parcours en « W » oblige, il faut qu’on revienne à notre point de départ, avant d’entamer la deuxième branche du « W ». Et l’après-midi, lacs bleus azurs et montagnes majestueuses se succèdent à nouveau pour nous en mettre plein les yeux.

Arrivée au camping en fin d’après-midi, montage des tentes, et on peut enfin souffler. Le problème, c’est qu’il caille grave, et on se réfugie sous les tentes pour avaler un café bien chaud.

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Je suis tellement bien d’ailleurs sous ma petite tente avec mon petit café que j’ai beaucoup de mal à en sortir, et laisse ce soir les filles préparer le repas. Mais après mon fiasco d’hier soir, je crois que personne ne m’en veut. Et le diner est un régal: nouilles chinoises au poulet et ses petits légumes, le tout bien relevé avec un assortiment d’épices… Jamais aussi bien mangé en camping… Avec à boire, un délicieux vin rouge chilien Tetra-Pack (porté par Tarek cette fois-ci, et pendant deux jours en plus, merci à lui…). Sympathique soirée à refaire le monde au bord de la rivière, et au dodo!! Et sans douche cette fois-ci, c’est un camping sans eau courante…

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Jour n°3: Bon je vais pas la refaire encore une fois, mais en gros: nouveau réveil difficile après une mauvaise nuit sous la tente… Sac un peu moins lourd car on a bien entamé nos provisions, mais les épaules commencent à être fatiguées… Lacs bleus azurs… Montagnes magnifiques… Tralalala… Le bonheur quoi….

Mais après deux bonnes journées de marche avec nos gros sacs, les petits bobos commencent à se faire sentir. Mal à l’épaule pour l’un, à la cheville pour l’autre, ou encore au tendon d’Achille… Je distribue granules d’arnica et comprimés d’anti-inflammatoires à tout va. Heureusement que j’avais prévu large en terme de trousse à pharmacie.

Objectif du jour: rallier le camping Chileno, au pied des fameuses Torres (tours) qui ont donné leur nom au parc Torres del Paine.
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Et c’est sur la fin du parcours que nous attend une mauvaise surprise. Sans crier gare, on se prend une sorte de mini-tempête sur la gueule. En pleine ascension vers le camping, le vent se met tout d’un coup à souffler très fort, avec pluie et grêle mêlées. On a tout juste le temps d’enfiler nos K-Way. Sans gant, j’ai les mains littéralement gelées, et comme j’ai pas pris le temps d’enfiler ma laine polaire, le vent glacial transperce mon coupe-vent et je suis frigorifiée. Les rafales manquent de nous faire tomber avec nos gros sacs, mais il faut maintenir le cap. Le camping n’est pas loin, et de toutes manières, impossible de s’arrêter sous un temps pareil.

Bénédiction: le camping est en vue. Et avec un sympathique refuge chauffé tout à côté. On monte rapidement les tentes et on se précipite à l’intérieur pour avaler un bon chocolat chaud et prendre une bonne douche. Au moins ce soir on peut manger au chaud, bien assis à table, avec une bonne bouteille de vin chilien pour arroser tout ça. Un peu difficile de réintégrer la froideur de nos petites tentes après cette sympathique soirée, mais c’est la dure loi de la rando…
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Jour n°4: Dernière partie du « W » au programme aujourd’hui: l’ascension vers les fameuses Torres. Au moins, on peut marcher sans les sacs à dos, puisqu’il faudra après revenir sur nos pas (le principe du parcours en W, je l’ai déjà expliqué…).

Mais même sans sac, ce matin j’ai beaucoup de mal. Trois mauvaises nuit sous la tente au compteur, et très mal aux pieds à cause d’ampoules pas très jolies à voir… Le petit groupe s’élance rapidement sur le chemin, mais j’ai du mal à suivre. Le souci c’est qu’on doit se dépêcher pour attraper nos bus de retour, à 14 heures, ce qui nous ne laisse pas le temps de trainer en route. Tant pis pour moi, je n’atteindrai pas le mirador des Torres… C’est un peu le clou de la rando, mais je suis trop crevée et j’arrive plus à avancer. Après une heure de marche, je fais demi-tour, et me retranche bien au chaud au refuge en attendant les autres. Je ne suis d’ailleurs pas la seule à renoncer si près du but. Isabel et Gitta ne tardent pas à me rejoindre. Surtout qu’il faut encore garder quelques forces pour le retour, avec cette fois-ci nos gros sacs sur le dos.
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Un bon coca et quelques gateaux secs plus tard, je me sens mieux, prête à repartir à nouveau. Benoît, Tarek et Jiyoug reviennent, enchantés du panorama des Torres… On démonte rapidement les tentes et c’est partit pour la dernière partie du trajet. Qui sera finalement plus facile que prévue car toute en descente. On est même en avance pour le bus et on peut profiter de traîner au soleil, ravis d’avoir partagés tous ensemble cette super aventure.

Happy end.

Comme toute rando qui se respecte, on se retrouve tous le soir à Puerto Natales pour une bonne bouffe. Marc et Flo, couple de Français rencontrés sur le ferry Navimag et qui ont fait une bonne partie de la rando avec notre petite bande se joignent à nous. Au menu pour nos estomacs affamés après quatre longues journées de marche: un plat typiquement chilien bien sûr, un « Lomo a lo pobre », sorte d’énorme morceau de boeuf, surmonté d’un oeuf au plat, avec tout plein de frites bien grasses et d’oignons frits… Mmmmmm… On se régale. Et surtout on profite bien de cette dernière soirée passée tous ensembles. Demain chacun poursuit sa route vers d’autres horizons. Pour moi, direction Punta Arenas, encore plus au Sud. Le Bout du Monde n’est plus très loin.

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13 commentaires pour “La multinationale de la rando sur les chemins mythiques de Torres del Paine”

  1. Marie-Thé BEROUD-GUELET

    Répondre

    Merci Sarah pour ce magnifique voyage que nous avons la chance de pouvoir partager avec toi, grâce à tes photos et à tes commentaires enthousiastes. Joyeux Noël et bon voyage!


  2. C’est très sympa ce récit de voyage. Ca donne vraiment envie d’y aller. Et vous avez tellement des bouilles sympas, tous, que j’ai l’impression de vous avoir croisés sur les chemins de montagne par chez nous.

    Amicalement,
    Flo’
    Gite Var Articles récents..Village du Var – CallianMy Profile


    • Sarah

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      merci!! c’est vrai que c’était une petite bande très sympa! les rencontres de randonnée sont souvent incroyables!


  3. Perrine

    Répondre

    Salut je viens de lire ton petit article bien intéressant et j’ai quelques question car on aimerait si rendre pour faire la rando mais on est pas du tout équipé camping enfin tante réchaud … Y’a t’il que la solution camping ? Loue t’il le matériel ? Enfin comment ça ce passe ?
    Nous sommes a Santiago pour le moment mais on veut faire le sud du Chili pour rejoindre l’Argentine, quels ont été tes coups de coeur genre les choses à ne pas louper ?
    Je te remercie d’avance de tes réponses !
    Voyageusement


    • Sarah

      Répondre

      salut perrine, pour le matériel de camping, tu peux tout louer à Puerto Natales… c’est le gros point de départ pour tous les treks dans le parc de torres del paine, et il y a plein de boutiques de location de matériel… alors c’est sûr, tu n’auras pas la tente ultra légère dernier cri du Vieux Campeur… mais c’est du matos solide… sinon, niveau coup de coeur, j’ai beaucoup aimé le trajet en bateau avec Navimag, de puerto montt à puerto natales… https://www.leblogdesarah.com/la-croisiere-s-amuse-dans-les-fjords-de-patagonie/ et aussi un gros regret: je n’ai pas eu le temps d’aller sur l’île de chiloé, et tout le monde dit que c’est génial… si c’était à refaire, j’irais là-bas…
      bon voyage!!





  4. Charlène

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    Bonjour Sarah,

    Merci pour ce beau récit !! Je me prépare à partir au Chili et à suivre vos traces sur ce parcours.
    Peux-tu me dire à quelle période précisément tu est allée dans le parc Torres Del Paine ?

    Merci !


  5. J’ai lu vos articles parce que je tente de décider quel pays voyager en fin d’année. J’ai adoré votre blog parce qu’il raconte tout en détail. Félicitations, Sarah m’a beaucoup aidé. Merci


  6. Anne-So

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    Bonjour Sarah, je lis votre blog avec grand intérêt. D’autant plus que je prévois un voyage en Patagonie pour février. Quel itinéraire me conseillez-vous en 15 jours ? A savoir que je voudrais visiter Ushuaia, le glacier Moreno Perito, le Mont Fitzroy et faire une randonnee de plusieurs heures. Je ne sais pas trop comment aller d’un endroit à l’autre. Apparemment, février est une période prisée donc chargée. Merci d’avance !


    • Sarah

      Répondre

      Bonjour Anne-So, merci pour votre intérêt pour mon blog, mais votre question est un peu trop précise… J’ai fait ce voyage il y a dix ans, donc c’est un peu trop vieux pour vous conseiller précisément à la lumière de mes vagues souvenirs. J’avais voyagé en bus, mais je n’avais pas de contrainte de temps, donc je ne sais pas si c’est réalisable sur un voyage de 15 jours. Bonne préparation.


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