Un voyage au Japon, c’est l’occasion de découvrir un art de vivre traditionnel unique et exceptionnel. Zen, harmonie et relaxation, pourrait-on résumer pour décrire l’expérience. Les « onsen », ce sont les bains thermaux japonais, dont l’eau est issue de sources volcaniques, avec de nombreuses vertus thérapeutiques car elles sont riches en minéraux. Les « ryokan », ce sont les hôtels traditionnels, avec des chambres meublées dans le style japonais avec futons et tatamis. Les deux vont souvent de paire d’ailleurs car beaucoup de ryokan sont situés dans des villes thermales et ils sont en général équipés de onsens privés pour leurs clients.
Lors de mon voyage au Japon, j’ai goûté à la découverte de cet art de vivre dans les petites villes thermales de Yumura et Kinosaki (photo ci-dessus), toutes deux situées dans la préfecture de Hyogo, sur les bords de la mer du Japon, au nord-ouest de Kyoto. Pas très fréquentées par les touristes étrangers, ce sont deux villes intéressantes pour vivre l’expérience japonaise de se baigner dans un onsen et de dormir dans un ryokan.
Yumura et sa cuisine commune en plein-air
A Yumura, petite ville d’ambiance rurale japonaise, l’attraction principale, c’est la source d’eau chaude Arayu. Avec une eau à 98°C, on peut y faire sa cuisine dans les casiers en pierre aménagés. Habitants et touristes s’y retrouvent pour faire cuire des oeufs ou des légumes ou bien boire l’eau de la source, qui a un fort goût de souffre. Juste à côté, il y a aussi un onsen pour faire un bain de pieds dans une eau à 40°C.
Comment aller à Yumura: http://visit.shinonsen.com/access/japan
Kinosaki et ses canaux
Kinosaki est une ville plus touristique que Yumura. Traversée par de jolis canaux, elle dévoile ses plus beaux atours au printemps, lors de la floraison des cerisiers. Début décembre, les arbres en bord de canal étaient un peu dégarnis, mais la ville a tout de même beaucoup de charme. Presque entièrement dédiée aux bains, avec sept onsen au total, Kinosaki est traversée du matin au soir par les « curistes » habillés en yukata, un kimono décontracté, et chaussés de geta, ces sandales traditionnelles en bois, dont le claquement sur le goudron résonne à travers la ville.
Comment aller à Kinosaki: http://www.visitkinosaki.com/fr
Se baigner dans un onsen
Pour se baigner dans un onsen, il faut respecter les règles de manière très scrupuleuse. Avant toutes choses, deux faits importants à savoir. Tout d’abord, la quasi majorité sont interdits aux personnes tatouées. Les tatouages au Japon sont associés aux membres de la mafia, les yakusas, raison de cette interdiction. Ensuite, il faut savoir qu’on doit se baigner entièrement nu. La plupart des onsen sont séparés entre hommes et femmes, mais il y a tout de même quelques onsen mixtes. La nudité n’est pas un problème au Japon, et les gens ont l’habitude d’aller au onsen en famille ou même entre collègues. C’est une activité très sociable.
La première chose à faire avant de se baigner dans les bassins, c’est de bien se laver. Il y a toujours pour cela un espace douche avec tabourets, gel douche et shampoing. Dans l’espace bain, on ne peut garder qu’une minuscule serviette, plus petite qu’un torchon de cuisine, qu’on peut utiliser pour s’éponger un peu ou masquer les parties intimes, mais ça ne cache pas grand chose. On doit laisser sa serviette de bain dans le casier avec ses vêtements dans le vestiaire. Ensuite, on peut accéder aux différents bassins. Il y en a souvent plusieurs, à la fois intérieurs et extérieurs, et de températures différentes. Mais la chaleur de l’eau est souvent très élevée, supérieure à 40°C. Les eaux, issues de sources volcaniques ont des vertus thérapeutiques, notamment pour les douleurs musculaires, les problèmes digestifs ou dermatologiques. C’est très relaxant, mais je dois avouer que pour ma part j’ai du mal à y rester longtemps à cause de la température de l’eau. Mieux vaut bien s’hydrater en sortant! Sinon pour les règles à respecter dans les bains, il faut également rester discret pour ne pas déranger les autres baigneurs, ne pas courir ou faire d’éclaboussures, et il est aussi interdit de prendre des photos… Raison pour laquelle cet article n’a pas beaucoup de photos de onsen.
Dormir dans un ryokan
Dormir dans un ryokan au Japon est un incontournable à ne pas manquer. Bien sûr, il y a plusieurs gammes de confort, mais c’est dans ce genre d’hôtel qu’on prend vraiment conscience (et qu’on profite) de l’extrême raffinement de l’art de vivre à la japonaise. C’est un séjour sous le signe de l’harmonie, de la détente et de la sérénité. L’ameublement des chambres est très simple, conformément aux principes zen de l’architecture japonaise, avec tables basses, peu de meubles, un sol en tatami et un futon pour dormir. C’est le personnel de l’hôtel qui installe le futon dans la chambre après le dîner. J’ai adoré dormir sur un futon près du sol. On ressent tout de suite une grande sérénité dans un tel environnement dépouillé. J’ai d’ailleurs regretté la présence de téléviseurs qui viennent gâcher la sobriété des lieux.
A disposition dans sa chambre, on peut revêtir un yukata. On peut aller et venir dans l’hôtel avec, que ce soit pour aller dans les bains ou manger, ou même dehors quand il s’agit d’une ville thermale comme Kinosaki ou Yumura. Il y a presque toujours aussi un onsen dans un ryokan dont on peut profiter à son aise. J’ai beaucoup aimé la mise à disposition de plein de produits de beauté, comme des laits hydratants par exemple. On peut quasiment aller dans un ryokan sans trousse de toilette car presque tous les produits sont fournis.
Manger dans un ryokan: la gastronomie kaiseki
En plus du petit-déjeuner, le repas du soir est inclus dans un ryokan, et cela fait partie de l’expérience de découverte de la culture japonaise. On y mange de la cuisine kaiseki, qui est le summum de la gastronomie au Japon. C’est un repas qui se compose de très nombreux petits plats, avec une grande multiplicité des goûts, des couleurs et des textures. Chaque plat est un vrai tableau, avec une vaisselle en harmonie et un art étudié de la décoration culinaire. Par contre, mieux vaut avoir un palais assez aventureux pour profiter au maximum de l’expérience car certains mets peuvent être déconcertants et difficiles à avaler. Pour ma part, j’ai eu un peu de mal avec des saveurs amères et des textures gluantes comme la seiche crue par exemple ou le shabushabu de mochi (rien à voir avec les gâteaux de mochi), qui consiste à tremper de la pâte de riz dans de l’eau chaude, et qui devient très gluante… J’ai également testé du fugu, ce poisson extrêmement cher et adoré par les Japonais et qui peut être mortel s’il est mal préparé. Je n’ai pas trouvé ça très bon, mais c’est le genre de mets pour lesquels il faut éduquer un peu son palais pour les apprécier. En tout cas, c’est une expérience à faire et on découvre des saveurs vraiment surprenantes.
Carnet d’adresses pour dormir dans un ryokan:
A Yumura, j’ai dormi au ryokan Asanoya. C’est un grand établissement avec des chambres agréables, un très bel onsen avec un bain intérieur et extérieur et un service attentif. Mention spéciale pour le repas kaiseki avec la découverte de très nombreuses saveurs.
A Kinosaki, j’ai dormi au ryokan Sinonomesou. C’est un petit établissement familial bien situé en plein centre de Kinosaki. Les chambres sont agréables mais c’est difficile de se comprendre si on ne parle pas japonais. Je n’ai pas eu l’occasion de tester l’onsen du ryokan car il y en a tellement à Kinosaki… Pour le repas kaiseki, la spécialité c’est le crabe (quand c’est la saison).
A lire aussi:
- Kinosaki onsen: l’art du bain sous les cerisiers par Japan Kudasai
- Yumura onsen: petite station thermale japonaise par Voyage Way
- Onsen au Japon, le guide complet par un Gaijin au Japon
J’ai écrit un guide de voyage sur le Japon!
Pour vous aider à préparer votre voyage au Japon, vous pouvez vous procurer le guide que j’ai écrit, publié aux éditions Larousse. Il contient notamment de nombreuses suggestions d’itinéraires à travers le pays et des focus pratiques et culturels qui vous guideront dans la préparation de votre voyage.
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Note: j’ai réalisé ce voyage sur l’invitation de l’office du tourisme du Japon et des préfectures de Tottori, Hyogo et Kyoto. Je n’en reste pas moins libre du contenu et des appréciations dans cet article.
traveling brunette
J’ai adoré comme toi les onsen et je n’aurai jamais cru que je serai aussi à l’aise avec la nudité (c’est simple j’étais la seule à « regarder » alors qu’eux s’en fichent royalement) ! Voir ces photos me donnent tellement envie de me replonger dans cette ambiance feutrée que les Japonais savent si bien entretenir que ce soit dans les onsen ou les ryokan…
Alex
Ohlala… c’est pas le premier billet que je vois sur la ville de Kinosaki, et ça me donne encore plus envie d’y aller. En grand amoureux des Onsen, il faut absolument que je l’ajoute sur ma trip-list!
En tout cas ton repas avait l’air follement délicieux!
Mata ne! 😉
Lucie A.
Super article! Hahaha, quelle chance qu’ils t’aient installé le futon, je me suis battue avec le mien la première fois, sans trop savoir comment l’installer!
Olivier
Je suis entièrement d’accord avec toi sur la présence de TV dans les chambres, ça casse un peu le raffinement et la mise en ambiance dans « l’esprit » ryokan. J’avoue que le kaiseki peut parfois surprendre (surtout au petit dej’), question de culture culinaire, mais c’est à faire au moins une fois, ça laisse de bonne barres de rire en souvenir ! J’espère que tu vas pouvoir nous montrer de nouveaux onsens très vite avec ton nouveau voyage. Un grand merci pour le lien en retour !
Annie Versaire
Autrefois, tous les onsen étaient mixtes, mais lors de l’occupation américaine à partir de 1945, le général Mc Arthur en fut horrifié et ordonna la séparation des sexes.
Heureusement, ce n’est pas le cas partout, notamment à Hokkaïdo.
Beaucoup de gens ont l’air de penser que cette nudité en commun sera une épreuve.
Au contraire, pour moi, c’est une libération: je me sens bien, doublement bien parce que aussi ça fait du bien d’être nue sans que les gens y pensent à mal, sans qu’ils aient des pensées lubriques ou qu’ils estiment que c’est de l’exhibitionnisme.
En France, nous crevons de cette pudibonderie.
Il faudrait envoyer les Français au Japon (ou en Autriche, Allemagne, Scandinavie etc.) pour qu’ils réalisent qu’on peut fort bien être nue sans que ça n’ait quoi que ce soit de sexuel, et que ça libère non seulement le corps, mais au moins autant la tête.