C’est ça le principal risque des chasses aux invitations ou billets gratuits en tous genres: des fois, ça marche pas. Alors c’est pas souvent heureusement, mais faut bien que ça arrive de temps en temps quand même. Faudrait pas non plus que le menu récit de mes aventures laissent croire qu’à chaque fois c’est du gateau. Deux-trois sourires et hop, dans la poche… C’est un peu plus compliqué que ça tout de même…
Et c’est sûr que la cérémonie de clôture à Cannes, c’était pas évident à la base. Tout le gratin mondial du cinema réuni dans la même salle le temps d’une soirée. Forcément, parmi ceux qui ont la chance d’être invités, y a pas beaucoup de désistements de dernière minute. Et autre facteur complicatif: la plupart des invités à la soirée de clôture arrivent comme des pachas en bagnole direct au pied du tapis rouge, et là, impossible de les intercepter au débotté « vous auriez pas une invitation en plus SVP ? » Hors-d’atteintes derrière les barrières de sécurité.
En plus, faut avouer que j’ai pas mis tous les atouts de mon côté. Après une longue nuit, couchée à 8h00 du mat’, j’ai trop trainassé l’après-midi. Résultat: arrivée pomponnée en bas des marches à 18h30, pour une cérémonie qui débute à 19h30, alors que j’aurais dû être là deux heures plus tôt. D’ailleurs, une copine qui s’est pointée à 16h, elle l’a dégoté elle son fameux carton bleu… Comme quoi, la chance appartient à ceux qui se lèvent tôt… et non à 15h de l’après-midi…
Et à 18h30 devant le Palais, ça sent déjà la capilotade. Très peu d’invités se pressent à l’entrée. Déjà quasiment tous installés dans le Théâtre Lumière. Des dizaines et des dizaines de sans-billets cherchent invitations désespérement… Tous les smokings-robes de soirées qui se pointent ont déjà dû se faire aborder au moins quinze fois… Je m’éloigne un peu de l’entrée pour être la première à les intercepter sur le chemin d’accès, mais sans grand succès. Je récolte quand même le lot de consolation: une invitation pour assister à la retransmission de la cérémonie dans la salle Debussy, une salle de projection juste à côté de la grande salle Lumière. Au moins ça me permettra de suivre en direct le palmares, mais sinon, pas grand intérêt.
« Vous auriez pas une invitations en plus, SVP ? » « Do you have one more ticket ? »… Nada, que dalle, chou blanc sur toute la ligne… Sur les coups des 19h15, y a bien un
espoir. Une femme se pointe en furie, deux tickets bleus à la main, sa fille dans les talons, ticket bleu à la main aussi. Un ticket en trop alors ??? Par bribes de ses discussions avec les
vigiles de l’entrée, comprends que son mari s’est fait refoulé tout à l’heure parce qu’il avait un costard blanc. Et oui, Cannes, c’est smocking noir et noeud pap obligatoire pour le commun des invités… Et le dress-code est hyper strict. Costard blanc, c’est Out, défense d’entrée!! Sauf quand on s’appelle Charles Aznavour bien sûr (qui a monté les marches le premier soir en costard blanc et chemise noire…). Alors forcément, madame est furax, et je la comprends, mais bon, qu’est-ce qui lui a pris à son mari de vouloir jouer la carte de l’originalité aussi ?? Mais le pire, c’est qu’elle veut pas le donner son carton bleu en plus, et elle rentre sous mes yeux désespérés et ahuris avec deux cartons pour elle toute seule… Alors je le signale au vigile à l’entrée, que je connais bien à force de monter les marches (déjà six fois en cinq jours) et de quémander des invits sous son nez. « Mais c’est pas juuuuuuuuste, elle est rentrée avec deux cartons la dame », glapis-je en chouinant ce qu’il faut pour attirer l’attention. Sympa, il se précipite derrière elle pour lui demander le fameux billet en trop qui pourrait me rendre la plus heureuse du monde… Las, elle l’envoit chier comme de la merde. Il revient dégouté. « J’ai fait ce que j’ai pu, mais elle m’a envoyé ballader. Désolé », me dit-il. Pas tant que moi. Y a vraiment des grosses connasses sur terre. Qu’elle soit dégoutée que son mari n’ait pas pu rentrer, soit. Mais de là à rentrer avec les deux billets, c’est vraiment dégueulasse. Résultat, il est perdu pour tout le monde ce fichu billet. Pourtant, ça m’est déjà arrivé plusieurs fois, devant des salles de concerts, que des gens préfèrent rentrer avec un deuxième billet plutôt que de me le donner (et oui, y a des gens à qui ça arrache la gueule de donner quelquechose gratuitement, si si…), mais là, ça me reste vraiment en travers de la gorge. Si au moins elle l’avait donné à quelqu’un ce billet… On est des dizaines ce soir en rade devant les marches. Mais non. Egoïsme quand tu nous tient… A elle la Palme d’or de l’inhumanité ce soir.
Bon, au final, me dirige vers la salle Debussy pour suivre le palmares. Parmi tous les films primés (Un prophète, Antichrist, Inglorious Basterds…), n’ais vu « que » la Palme d’Or, « Le ruban Blanc »/ « Das Weisse Band », mais finalement, s’il ne fallait en avoir vu qu’un, c’était celui-là… Bon, le film ne m’avais pas hyper convaincue en projection. Déjà, je suis pas fan du noir et blanc, et en plus, il faut bien rentrer dedans dès le début, sinon, on a du mal à décortiquer la logique du film… Un film exigeant quoi… Faut dire que ce soir-là je sortais des 2h30 de projection de « A l’origine », de Giannoli, alors après, enchainer direct sur un autre film, qui dure, lui aussi, plus de deux heures… Dur dur le rythme de festivalier à Cannes… Mais bon, comme souvent, le jury a ses raisons que le public ne connait pas… Je tacherai tout de même d’accorder au film une seconde chance en allant le voir en salles lors de sa sortie à l’automne prochain. Avec à l’esprit la problématique de son réalisateur, Michael Haneke: décrypter, dans l’Allemagne des années 1910s, l’enfance des futurs nazis. Et surtout, tenter de comprendre les racines du mal qui ont conduit cette génération au plus abominable des crimes historiques.
Emily Zanier
Quel récit bien détaillé de notre recherche au billet le soir de la clôture, car la mienne ressemblait bien à cela aussi, je ne l’aurais pas mieux décrite!
En tout cas, tu as bien du courage de vouloir retourner voir Le Ruban Blanc en salles quand il sortira. Personnellement, moi, j’y suis retournée le lundi, le jour de la projection de la palme et je ne suis restée qu’une heure cette fois, histoire de me rappeler le début, le fait est que ça aide un peu et remet les choses au clair, mais bon c’est tout de même assez longuet et ennuyeux! Attends plutôt le DVD ou qu’il passe à la télé! Emily