Voilà deux semaines que j’ai terminé une retraite de 10 jours de méditation en Inde. J’ai vu à vos commentaires et vos questions sur les réseaux sociaux que vous étiez très curieux d’en savoir plus. Je vais vous raconter comment j’ai vécu cette expérience au quotidien sous la forme d’un carnet de bord en plusieurs épisodes. C’est un récit écrit après, puisqu’il était interdit d’écrire pendant la retraite. Je vais essayer de décrire le mieux possible ce que j’ai vécu en temps réel, sur la base de mes souvenirs, sans tenter d’interpréter ou d’analyser à posteriori.
Retraite de Méditation en Inde J-1 – Prélude
Je suis arrivée aujourd’hui au centre de méditation Vipassana de Nashik, à 150 km environ au Nord de Mumbai. J’ai besoin de faire une pause dans cette vie trépidante et instable de voyageuse, de mieux me connaître et de comprendre ce que je veux vraiment à l’avenir. Vipassana est l’une des techniques de méditation les plus anciennes d’Inde, et beaucoup d’Indiens font cela au moins une fois dans leur vie. C’est une méthode qui permet de vivre en harmonie avec soi-même et avec les autres. D’après les échos que j’en ai eu, je sais que c’est une expérience difficile, mais qui apporte beaucoup. Les règles à suivre pendant 10 jours sont strictes: interdiction de parler, lire ou écrire; bien sûr, pas de téléphone, ni internet, ni télévision; pas d’alcool, ni tabac, ni activité sexuelle; et il faut se conformer aux horaires collectifs de méditation, repas, réveil et coucher.
Ce premier jour (non-inclus dans les 10) est surtout consacré à l’installation, au briefing et à la découverte des lieux. Vipassana est une méthode bouddhiste, mais les retraites de méditation ne se font pas dans des monastères. C’est un centre en pleine nature, avec des ensembles de petits bâtiments. Nous sommes une quarantaine de femmes, dont deux étrangères: moi et une Australienne. Je fais connaissance avec elle puisque nous sommes briefées toutes les deux en anglais séparément des autres. Elle s’appelle Emily et vit en Inde depuis 9 ans, mariée avec un Indien. Je fais aussi brièvement connaissance avec la jeune femme qui dort avec moi dans ma chambre puisque nous sommes logées en chambre de deux. Priti, 25 ans, termine ses études à Pune, une ville pas très loin de Mumbai. Je ne cherche pas à en savoir plus sur elle en fait, car de toutes manières, nous n’aurons pas le droit de nous parler pendant 10 jours. Je pense que moins nous en savons l’une sur l’autre, moins ce sera frustrant de ne pas pouvoir communiquer.
Nous devons signer le code de discipline où l’on s’engage à rester toute la durée de la retraite et à respecter notamment les cinq préceptes suivants: s’abstenir de tuer tout être vivant; s’abstenir de voler; s’abstenir de toute activité sexuelle; s’abstenir de mentir; s’abstenir de consommer tout produit intoxicant (alcool, drogue, tabac, tranquillisant…). J’espère qu’il n’y aura pas trop de moustiques, car alors la première règle ne sera pas facile à respecter. Nous devons aussi rendre notre téléphone. J’en profite pour passer un dernier coup de fil à mon amie Emily qui voyage avec moi en Inde et qui est restée à Mumbai. J’ai l’impression d’avoir prononcé mes derniers mots. J’espère que je ne vais pas perdre ma voix.
Après un rapide diner, nous sommes convoquées à 19h pour le début de l’enseignement de la méditation. C’est à partir de ce moment-là que nous n’avons plus le droit de parler. En file indienne, nous nous dirigeons toutes vers la salle de méditation. Il y a quelques chuchotements, mais quand on passe devant le panneau « Noble Silence », tout le monde se tait. C’est assez impressionnant ce silence religieux tout d’un coup. Comme si on rentrait dans un autre monde. « Noble Silence », cela signifie silence du corps, de la parole et de l’esprit: ce n’est pas seulement l’interdiction de parler, mais l’interdiction de toute forme de communication, que ce soit par signe, par le regard, ou par contact physique. On ne peut même pas se regarder dans les yeux, se sourire… Rien du tout. Seule face à soi-même.
Première séance de méditation. Il y a une professeure qui donne quelques directives, mais l’essentiel est délivré sous forme d’enregistrement audio, d’abord en hindi, puis en anglais. Assises en tailleur, nous devons concentrer notre attention sur les sensations ressenties lors de la respiration sur le triangle formé par les narines et le dessus de la lèvre supérieure. Inspiration, expiration, inspiration, expiration… J’écoute les consignes avec application et tente de concentrer toute mon attention sur cette zone assez réduite de mon anatomie. C’est un peu ennuyant et j’ai facilement tendance à déconnecter et penser à autre chose. Le gong nous délivre à 21h et c’est l’heure d’aller se coucher.
Extinction des lumières à 21h30. Je n’ai pas vraiment sommeil car c’est un peu tôt, mais il va falloir s’y faire. Ce sera l’heure du coucher pendant ces 10 jours. Le réveil est prévu à 4h demain alors mieux vaut dormir. De toutes manières, il n’y a rien d’autre à faire. Pas de livre, pas de téléphone, pas le droit de parler. Je suis néanmoins contente d’être là, impatiente de démarrer cette expérience insolite et inhabituelle et de voir ce que cela va m’apporter… A suivre: retraite de méditation.
Retraite de méditation – Informations pratiques:
- Pour suivre une retraite de 10 jours de méditation Vipassana, il faut s’inscrire sur leur site Internet. Il y a beaucoup de centres en Inde, mais aussi dans le monde entier, dont deux en France.
- La retraite de 10 jours est gratuite en théorie. Aucun frais d’inscription n’est demandé. Ceux qui ont suivi la retraite pendant les 10 jours peuvent faire une donation en partant, ce qui permet à l’organisation de continuer à vivre et dispenser les formations.
 
Si vous souhaitez en savoir plus sur la méditation Vipassana, je vous conseille la lecture de ce livre: L’art de vivre: Méditation Vipassana enseignée par S.N. Goenka, par William Hart (7,80 €).
 
 
dolores doolittle
Wow! Je n`ai jamais penser à faire une chose pareille… jusqu`à maintenant! Fascinant et tentant (sauf pour les règles cruelles à propos de communication et des livres)!
A la prochaine partie!
Laugui
Belle expérience Sarah! Se découvrir, belle découverte! Bvo à toi. Au plaisir de te lire encore!
Claudia
Vraiment hâte de lire la suite !!! 🙂
Amandine
Super première partie de ton carnet de bord, vraiment hâte de découvrir la suite et surtout ton bilan perso de cette expérience.
Béatrice Roman-Amat
J’ai hâte de lire la suite ! J’imagine que cette expérience doit t’obliger à puiser très profondément dans tes retranchements. Personnellement, je n’ai fait de la méditation que par petites séances d’environ 1 heure et à chaque fois j’ai trouvé extrêmement difficile de faire le vide et ne pas penser à plein de choses futiles. Raconte-nous vite la suite !
Anne
Merci poru ce récit, c’est intéressant. J’aurais du mal à ne pas lire ni écrire, mais l’expérience doit ête très enrichissante!!
Jessy
Magnifique expérience, j’ai envie d’en faire autant ! C’est vraie, comment vous sentez-vous après cette retraite de méditation en Inde ?
Aurélie
Hyper intéressant, j’ai hâte de lire la suite ! C’est si loin de nos modes de vie occidentaux habituels…
Curieuse Voyageuse
Coucou Sarah
génial que tu aies pu faire cette retraite et que tu la partages tant en détail ici…
J’ai fait la même chose dans le centre de Vipassana en France (près de Dijon) il y a 4 ans…
Une formidable expérience, qui te donne vraiment les clés d’une technique. Après cette expérience « devient » ce que tu en fais. Pour ma part, je médite toujours 4 ans plus tard, mais vraiment pas régulièrement. Que ce soit 5 minutes ou 1 heure, la méditation a toujours le don de m’apaiser!
Je relate mon expérience (à chaud) ici http://www.curieusevoyageuse.com/voyage-au-coeur-du-vipassana-2/
A bientôt !
Aurélie
Chouchou et Loulou
Cela doit être une sacré expérience qui à mon avis te change à tout jamais.
On y a pensé sérieusement quand on était en Inde à faire une retraite, puis l’occasion ne s’est pas faite.
Donc, la prochaine fois peut-être. C’est toujours intéressant d’avoir des retours d’expériences et les ressentis de chacun 🙂
Sébastien
Et bien, chapeau de paille et botte de sky… faire une retraite doit demander vraiment beaucoup de rigueur et de sacrifices.
Ma femme aurait envie d’en faire une, cette idée lui traite depuis quelques années, mais moi perso, je suis pas trop chaud, ou alors en version mini retraite (un weekend voire 1 semaine).