hC’est un article que j’ai mis du temps à publier… Retour sur un séjour à la ferme avec Emily en Irlande du Nord, dans le Fermanagh.

Un billet gratuit pour U2 au Millenium Stadium de Cardiff

Mon voyage en Irlande en octobre 2013 a été riche en découvertes, et en retrouvailles aussi. Une retombée inattendue de mon Free Tickets World Tour… C’est une question qui revient souvent: « Est-ce que tu gardes contact avec les inconnus qui t’offrent des billets en échange d’un sourire pour un concert ou un match? » Mon histoire avec Pauric est la plus belle des réponses.

Avec Pauric devant le stade de Cardiff pour U2

Avec Pauric devant le stade de Cardiff pour U2

Pauric, c’est un jeune Irlandais qui m’avait offert un billet pour U2 à Cardiff, au Pays-de-Galles, en août 2009. Fan de U2 depuis toujours, il avait prévu le déplacement de longue date avec un ami pour voir le groupe au Millenium Stadium. A quelques jours de l’événement, son ami se retrouve dans l’obligation d’annuler, et Pauric vient tout seul à Cardiff, avec deux billets de concerts. C’est dans notre auberge de jeunesse, idéalement située en face du stade, qu’on s’est rencontrés. Lui ravi de combler l’ennui de sa solitude imprévue avec une jeune Française en quête de rencontres insolites… et d’un billet de concert! Moi j’étais contente également de trouver non seulement mon ticket pour U2, mais aussi un compagnon de voyage pour découvrir Cardiff, son château et ses nombreux pubs! Au terme d’un concert magique, nous nous séparons avec la certitude que nos routes de grands voyageurs se recroiseront un jour. A l’époque Pauric rentre tout juste d’un tour du monde en solo de plusieurs mois, et moi je prépare le mien, trois mois avant le grand départ…

Des retrouvailles manquées pour U2 au Stade de France

Août 2010. Mauvais timing de calendrier. Je suis en route en auto-stop à travers l’Europe avec ma meilleure amie Emily pour aller voir U2 à Moscou. Pauric m’écrit qu’il vient justement à Paris voir U2 en concert au Stade de France. Il n’a pas pu acheter de ticket à temps et compte bien essayer ma technique de pancarte « billet gratuit pour un sourire » en mode « Irish guy gives a smille for a free ticket »… C’est trop bête… Je suis quelque part entre la Pologne et la Lituanie, et lui à Paris. Surtout que le public français ne sera pas très généreux à son égard et il doit acheter son billet au noir pour assister au concert. Je regrette de ne pas avoir pu être là pour le « coacher » et l’aider à trouver un ticket. Admirative tout de même qu’il ait eu le culot de tenter le coup! Retrouvailles manquées et partie remise.

Sur les traces de U2 en Irlande

Octobre 2013. U2 occupe toujours une place à part dans mon itinéraire de voyageuse. Cette fois-ci c’est en Irlande que nous décidons d’aller sur leurs traces avec Emily. Pas de concert prévu, puisque le groupe irlandais est en plein enregistrement du prochain album. Mais ça donne un petit fil rouge à notre périple d’un mois sur l’île, à travers Dublin, The Slane Castle, lieu de concerts mythiques, Belfast, la ville « Where the streets have no name », ou encore Derry, lieu emblématique du massacre du Bloody Sunday qui a inspiré au groupe un de ses plus grands tubes.

Séjour à la ferme en Irlande du Nord dans le Fermanagh

irlande-fermeCe voyage est enfin l’occasion de retrouver mon ami Irlandais. Pauric habite dans un coin de campagne en Irlande du Nord, dans le Fermanagh, à côté d’Enniskillen, tout près de la frontière avec la République d’Irlande. Une frontière qui n’est marquée d’ailleurs par aucun panneaux. Une cisaille trop douloureuse pour les gens d’ici qui, il n’y a pas si longtemps, étaient pris au piège d’une guerre injuste. Les seules marques qui indiquent qu’on est d’un côté ou de l’autre, ce sont les panneaux de signalisation routière: en km côté République irlandaise, et en miles côté Royaume-Uni. A travers les ondes du réseau téléphonique également. Quasiment tout le monde ici a deux numéros: un « irish » et un « uk », pour pouvoir jongler entre les opérateurs téléphoniques qui bien sûr ne font pas de cadeaux pour les appels passés à l’étranger. Pour payer, on peut toutefois s’arranger: livres et euros sont acceptés des deux côtés. Pauric est né, habite et travaille en Irlande du Nord, mais il a un passeport irlandais. Les frontaliers ont ici le droit de choisir leur nationalité. Par contre, il a un permis de conduire du Royaume-Uni. Double appartenance sur le plan civil, mais Irlandais de coeur et d’identité sans hésitation! On se prend même à rêver d’une Irlande un jour réunifiée…

irlande-ferme-fermanaghPauric habite dans la ferme familiale, avec sa mère et sa soeur aînée. En Irlande, très catholique, tant qu’on n’est pas marié, même indépendant financièrement, on habite encore chez ses parents. Mécanicien la journée, il endosse également les habits d’éleveur agriculteur dans la petite exploitation familiale de vaches laitières. Une super immersion pour nous avec Emily. L’espace de quelques jours, nous partageons le quotidien de cette famille avec les pauses thé près du poêle dans la cuisine qui rythment les journées d’une ferme en Irlande. On chausse les bottes de pluie avec plaisir pour aller à la découverte des champs boueux et des vaches de l’exploitation. Le dimanche matin, une expérience très insolite pour moi: la messe dominicale… En dehors de mariages, baptêmes ou enterrements, je n’ai jamais assisté à une messe à l’église! Très réfractaire à toute idéologie religieuse, j’appréhende un peu d’ailleurs l’exercice, mais je m’y prête de bonne grâce par politesse pour nos hôtes et par curiosité de découvrir la vie locale. L’église est d’ailleurs pleine à craquer, avec des gens de tous âges, beaucoup de familles avec de jeunes enfants. La messe du dimanche matin est vraiment un espace de socialisation où tout le monde se connaît et prend plaisir à se retrouver. C’est finalement une bonne expérience, même si je n’ai quasiment rien compris du prêche du prêtre. Dans cette partie rurale du Nord de l’Irlande, l’accent est super dur à comprendre. Même Pauric, je dois souvent lui demander de répéter trois fois pour réussir à comprendre ce qu’il dit. Les soirées, on en profite pour parler voyage autour d’une bonne bouteille de whiskey irlandais.

irlande-whisky-fermeNous profitons également du séjour pour découvrir la région du Fermanagh et du Donegal juste à côté. U2 à fond sur l’auto-radio, super road-trip à trois sur les routes irlandaises. Châteaux, falaises et paysages incroyables se succèdent. Qui aurait cru que de chercher un billet gratuit pour voir U2 à Cardiff aurait pu m’amener jusque là? Les rencontres valent tellement plus que le prix d’un ticket de concert…

Visite du Monea Castle dans le Fermanagh

Visite du Monea Castle dans le Fermanagh

Pour préparer votre voyage en Irlande:

16 commentaires pour “Retour sur… un séjour à la ferme en Irlande du Nord”




  1. Je ne pensais pas qu’un billet gratuit pouvait emmener si loin. Moi qui n’oserai jamais réclamer, je suis finalement plus admirative du contact entretenu que du billet obtenu.
    Et j’ai beau ne pas être du tout dans les trucs religieux, j’adorerai aller à l’église au sein d’une famille qui y va tous les dimanches, juste pour voir comment c’est en vrai.


    • Sarah

      Répondre

      tu sais tiphanya, finalement c’est ce qui me motive le plus maintenant… Les rencontres et aventures insolites plutôt que juste d’avoir un ticket gratuit. Et effectivement, c’est intéressant d’aller à l’église. Des fois je me dis que c’est dommage. On n’a plus de rites dans nos sociétés modernes qui nous permettent de nous retrouver et de créer du lien social. C’est important en fait. La religion ça n’est pas du tout mon truc, mais je suis sensible au fait que ça peut rapprocher les gens. Mais ça les éloigne et créé des guerres aussi. C’est tout le problème!!


  2. Ah, ta technique de « un sourire pour un ticket » continue à me trotter dans la tête… J’avais réussi un jour sur un malentendu à récupérer un pass VIP pour un concert d’Andrea Boccelli (concert gratuit à Central Park, je voulais y aller mais ignorais qu’il fallait s’inscrire sur internet même si c’était gratuit…), mais je n’ai jamais réellement testé ta technique. Un jour c’st sûr, je sauterai le pas 😉




  3. Bonjour
    Ah excellent ! Quelle histoire, quel périple ! Pour une fois qu’on lit une histoire originale d’un voyage. Je ne savais pas pour les 2 numéros de téléphone par personne : c’est ca la mondialisation. Joli sourire en tout cas. Félicitations et à bientôt sur votre blog.


    • Sarah

      Répondre

      Merci Yann! C’est vrai que quand je peux, j’essaie de voyager de manière différente. C’est tellement plus riche de rencontrer des gens que de simplement visiter des sites touristiques et d’enchaîner les hôtels. C’est vraiment important pour moi de continuer à voyager comme cela. Au fur et à mesure des rencontres.


  4. Je ne pensais pas que la technique « un sourire pour un ticket » fonctionnerait mais j’ai eu tort. En tout cas quel périple et quelles photos, ça donne envie d’y aller!




  5. Bonjour,

    Merci pour ce récit touchant et inspirant ! Votre histoire avec Pauric et ces rencontres fortuites autour des concerts de U2 illustrent parfaitement la magie des voyages. C’est incroyable de voir comment un simple billet peut créer des liens durables.


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