La préfecture de Mie n’est pas souvent au programme des voyages touristiques au Japon. Pourtant c’est une région facile d’accès, que ce soit de Kyoto, Osaka ou Nagoya. Les voyageurs qui s’y aventurent sont récompensés par la découverte d’un Japon traditionnel, à mille lieux des grandes métropoles modernes du pays. Mie est connue pour Suzuka, où a lieu le Grand Prix de Formule 1 du Japon, et pour Ise, où est situé le sanctuaire shintoïste le plus vénéré du pays. Mais ce ne sont pas ces deux endroits que je suis allée découvrir. Je me suis vraiment aventurée hors des sentiers battus, dans ces villes et villages qui n’ont pas les honneurs des guides de voyage. Au Japon c’est parfois un challenge, car peu de gens parlent anglais et on a du mal à trouver des informations. Il faut être prêt à parfois se perdre, découvrir autre chose que ce pourquoi on était venu. Et finalement c’est dans cet inattendu et cet imprévu que se cache la magie du voyage.
Japon traditionnel et ninjas à Iga
Iga est une ville située dans le nord-ouest de la préfecture de Mie. J’ai eu un vrai coup de cœur pour cet endroit. Une ville japonaise traditionnelle et authentique, avec beaucoup de charme et de cachet. C’est à la fois suffisamment hors des sentiers battus pour qu’on n’y croise pas beaucoup d’autres étrangers, et en même temps, on y trouve un office du tourisme bien foutu, avec des cartes en anglais et suffisamment d’informations pour se débrouiller dans la ville sans parler un mot de japonais. Iga, c’est le lieu de naissance du célèbre poète de haiku, Basho Matsuo, et une des principales places du Japon où les ninjas étaient formés. J’ai adoré son centre-ville avec des anciennes maisons de samourai et des magasins typiques.
On est directement plongé dans la culture ninja dès l’arrivée, car si vous allez en train à Iga, vous allez monter à bord d’un « train ninja ». C’est assez courant au Japon que les trains locaux soient thématiques, en fonction des spécificités locales. Pour accéder au centre-ville, il faut descendre à la station Uenoshi, ou alors à Nishiote (ligne Iga). Ensuite, on découvre avec amusement que la thématique ninja est déclinée dans toute la ville. Pour ceux qui sont vraiment fans, il y a un Ninja Museum avec des shows de démonstration.
Comme dans la plupart des villes au Japon, on y trouve un château classique japonais, avec son mur d’enceinte et ses salles où on peut voir des sabres et des armures. Juste à côté, dans le parc du château, on peut jeter un œil au Haiseden, un pavillon construit pour commémorer les 300 ans de la naissance du poète Matsuo Basho.
Le Basho Memorial Museum est également juste à côté. Mais à vrai dire, l’intérêt est assez limité si on ne parle pas japonais car rien n’est traduit en anglais. Mieux vaut aller visiter un peu plus loin la maison natale où il a vécut jusqu’à l’âge de 29 ans, une jolie maison traditionnelle reconstituée comme à l’époque.
Où manger à Iga: Dengaku Wakaya
Un super petit resto japonais à découvrir à Iga, c’est le Dengaku Wakaya, spécialisé dans les brochettes de tofu grillé. Attention, pour le dîner ça ferme tôt (dernière commande à 19h30 et fermeture à 20h). De toutes manières, il faut savoir que dans le Japon rural, on dîne très tôt!
Pour un thé/une pâtisserie: Murai Bankoen
Murai Bankoen, c’est une boutique/salon de thé trop mignonne, sur la thématique des chats et des ninjas. Ca vaut vraiment le coup de s’y arrêter pour fureter un peu dans le bric-à-brac à vendre, boire un thé matcha, manger une pâtisserie ou faire connaissance avec le chat de la maison, qui revêt de temps en temps ses habits de ninja. Pour les coupes de glaces, on peut commander un « parfait ninja »…
Une des spécialités insolites d’Iga à tester, ce sont les gâteaux des ninjas: les katayaki. Ils sont très nutritifs et se conservent très longtemps, parfait donc pour des guerriers qui partent au combat… par contre, je préfère prévenir, ils sont tellement durs qu’il faut avoir des dents de ninja pour les croquer!
Où dormir à Iga: j’ai passé une nuit au Route-Inn Grantia. C’est un business hôtel classique japonais. Sans charme aucun mais fonctionnel et pas trop cher. Très bien situé car à 3 minutes à pied de la gare Nishiote, à 10 minutes du château et à 1 minute du restaurant Denkaku Wakaya.
Je vous invite aussi à lire le joli article d’Adeline sur Voyagesetc qui a également beaucoup aimé la ville d’Iga: Iga, une jolie surprise lors de mon voyage au Japon. C’est grâce à elle notamment que j’ai découvert le salon de thé Murai Bankoen avec son chat ninja.
Céramique, thé et saké à Mie
Un séjour dans la préfecture de Mie, c’est aussi l’occasion de découvrir de plus près les traditions artisanales japonaises. La région est célèbre au Japon pour l’artisanat de la céramique, la production de thé et de saké. Il y a beaucoup d’ateliers de poterie dans la région d’Iga. Ils ne sont pas forcément évidents à trouver et pour cela, mieux vaut parler japonais ou être accompagné par un guide. Pour ma part, j’ai eu la chance de rencontrer les artistes Kei Tanimoto et son fils Yuko qui ont leur atelier à Iga. Les céramiques d’Iga sont très réputées pour leur style sobre et épuré et sont largement utilisées pour les cérémonies du thé.
Le thé justement, c’est une boisson incontournable forcément quand on voyage au Japon. Avec son climat assez humide, Mie est la troisième préfecture cultivatrice de thé du pays. On voit beaucoup de champs tout vert avec les petits arbustes caractéristiques. Dans certaines plantations, on peut visiter l’exploitation et en apprendre plus sur le thé vert japonais, comme je l’ai fait dans la plantation Sasara, à Suzuka. Le thé vert est réputé pour ses bienfaits pour la santé, notamment le ralentissement du vieillissement et la lutte contre les bactéries, alors à boire sans modération sans bien sûr!
Une autre boisson typiquement japonaise, c’est le saké! Par contre, là mieux vaut boire avec modération, car c’est de l’alcool de riz fermenté. Il y a beaucoup de brasseries artisanales qu’on peut visiter et où on peut faire des dégustations. Je suis allée à Ito Sake Uzume à Yokkaichi, une brasserie établie depuis 1847 et qui se transmet dans la même famille de générations en générations. Il y a beaucoup de types de saké différents, avec des taux d’alcool qui vont de 13 à 16% environ. Au Japon, c’est plutôt un alcool qu’on consomme au cours des repas. Kanpai! (c’est comme ça qu’on trinque en japonais).
Yokkaichi ou le charme du Japon by night
Yokkaichi n’est pas une ville japonaise qu’on vient visiter. C’est une ville industrielle qui n’a d’ailleurs pas très bonne réputation au Japon à cause de l’importance de l’industrie chimique. Pourtant j’ai beaucoup aimé son ambiance nocturne. De par sa situation et sa bonne déserte par les transports, c’est une bonne étape pour dormir et sillonner la préfecture de Mie. Il y a beaucoup de business hotels pas cher tout près de la gare de train. Pour ma part, j’ai passé une nuit au Yokkaichi City hotel, ni mieux ni pire qu’un autre j’imagine… Tous les business hôtels se ressemblent un peu au Japon et c’est vraiment juste pour dormir. J’ai beaucoup aimé me balader le soir dans les rues commerçantes du quartier de la gare, très colorées avec leurs nombreux restaurants et magasins. C’est facile de trouver un petit izakaya typique pour manger. C’est rare de trouver des menus anglais, mais on est souvent sauvé par les photos sur les menus pour pouvoir commander plus facilement.
Voyage dans le temps à Seki-juku
Seki-juku se situe dans la périphérie de Kameyama. Historiquement, la ville avait une position stratégique sur la route de Tokkaido qui reliait l’est et l’ouest du Japon. Il y a plus de 200 maisons qui datent de l’époque Edo, il y a 200 ans, et elles sont restées telles quelles depuis l’époque des samouraï. On peut flâner tranquillement le long de l’avenue principale, à la découverte des petits magasins typiques, des salons de thé japonais ou des petits restaurants. On oublie vraiment qu’on est dans le pays des mégalopoles de Tokyo, Osaka ou Nagoya…
A faire au Japon: dormir dans un ryokan
S’il y a une expérience à ne vraiment pas louper au Japon, c’est dormir dans un ryokan. Un ryokan, c’est un hôtel traditionnel japonais, où l’on dort sur un futon dans une chambre à tatami, avec repas typique et bain d’eau thermale dans les sources chaudes. A Mie, j’ai passé une nuit au Seishounagon, à Sakakibara Onsen, une ville thermale japonaise assez réputée. C’est un ryokan tout à fait abordable car j’en ai eu pour 10.000 JPY (env 80 €) pour une nuit avec dîner et petit-déjeuner inclus.
Explorer la vieille ville de Shiroko
Shiroko est une autre ville traditionnelle japonaise, pas loin de Suzuka, là où a lieu le Grand Prix de Formule 1. J’ai découvert l’endroit car je dormais dans un minsyuku (une maison d’hôte japonaise) à Tsuzumigaura, juste à côté. Là encore, point d’autres touristes ou voyageurs. On peut flâner tranquillement, à la découverte des maisons traditionnelles et des sanctuaires shinto qu’on trouve sur le chemin. Des fois au hasard, on tombe sur de super bonnes surprises. La difficulté, c’est qu’on n’arrive pas toujours à savoir le nom de l’endroit où on se trouve, mais j’ai adoré ce beau sanctuaire (cf deux photos ci-dessus), avec son alignement de torii rouge, jaune et rose. C’est assez inhabituel au Japon.
Dormir dans un minsyuku au Japon
Comme dans un ryokan, dormir au moins une fois dans un minsyuku fait partie des expériences incontournables à faire au Japon. Un minsyuku, c’est l’équivalent d’une maison d’hôte, mais plutôt bon marché: on dort chez l’habitant, avec dîner et petit-déjeuner compris. Pareil que dans un ryokan, on dort sur un futon, dans une chambre avec tatami. Je sais qu’il y a certaines personnes qui ont du mal avec le fait de dormir par terre sur un futon, mais je dois dire que moi, j’adore. Je me sens détendue et en connexion avec mon environnement. Sûrement le contact avec le sol, et le fait que les chambres sont souvent dénuées de toute décoration ou ameublement inutile. J’aime bien cette sobriété à la japonaise. Je trouve ça relaxant. A Tsuzumigaura j’ai logé dans le minsyuku Uoyou (5500 JPY pour une nuit avec dîner et petit-déjeuner inclus, env 40€).
Guide pratique pour voyager à Mie
Voyager hors des sentiers battus au Japon est une expérience vraiment intéressante à vivre. Ceci dit, ce n’est pas toujours évident à organiser quand on ne parle pas japonais, car les ressources disponibles en anglais sont assez faibles. Une partie de mon voyage a été organisée par des contacts au Japon, donc je n’ai pas eu ce soucis. Voyager en individuel est facile avec le train et les bus car sur google map, en général tout est bien indiqué. C’est donc important d’avoir une connexion internet, donc je conseille vraiment soit d’acheter une carte sim japonaise, soit de louer un boitier wifi.
Le premier site à consulter pour trouver des informations à Mie, c’est celui de l’office du tourisme de Mie. Pour réserver mes hébergements en voyage, j’utilise d’habitude Booking. Mais il faut reconnaître qu’il y a beaucoup d’établissements au Japon qui n’y figurent pas. Pour plus de choix, je vous invite donc à consulter également Agoda.
Si vous souhaitez passer par une agence locale pour organiser votre voyage sur place, vous pouvez demander un devis gratuit à Evaneos.
J’ai écrit un guide de voyage sur le Japon!
Pour vous aider à préparer votre voyage au Japon, vous pouvez vous procurer le guide que j’ai écrit, publié aux éditions Larousse. Il contient notamment de nombreuses suggestions d’itinéraires à travers le pays et des focus pratiques et culturels qui vous guideront dans la préparation de votre voyage.
… et un beau livre sur le Japon
Parce que feuilleter un beau livre, c’est déjà partir en voyage… Pour vous donner des idées de lieux à découvrir au Japon, vous pouvez acheter le beau livre que j’ai écrit, également publié aux éditions Larousse. Vous y trouverez 100 lieux à couper le souffle, répartis sur tout le territoire!
Ce voyage a été réalisé en partenariat avec l’office du tourisme de la préfecture de Mie et l’agence Iglooo. Tous les avis et impressions restent les miens.
Mireille RONDEL
Magnifique reportage sur ce Japon moins connu!
Bravo et merci Sarah
Bises
Mireille
Olivier
Encore une préfecture peu connue que je prends plaisir à redécouvrir dans cet article après t’avoir suivie sur Instagram. C’est tout ce que j’aime au Japon, sans la foule de touristes en prime. J’avais déjà repéré depuis longtemps de village de Seki-juku mais je n’arrivais pas à trouver beaucoup d’infos jusqu’à présent. Vraiment superbe, ça donne envie d’aller y faire un tour !
Sarah
Merci beaucoup! Tu me tiendras au courant quand tu iras à Mie! Ca m’intéresse de suivre ça…
Lucie Aidart
Iga ça me tente pas mal, merci pour le rappel. Pour le minsyuku, j’avais fait ça à Okinawa et j’avais été assez déçue avec la distance mise avec l’habitant, je ne sentais pas trop la convivialité et pourtant je parlais japonais. Le choc des cultures, mais c’est à tester.
Sarah
oui le contact avec l’habitant n’est pas évident, et en plus je ne parle pas du tout japonais… moi la meilleure expérience que j’ai eu de ce côté-là c’était en airbnb à la campagne à kumamoto. Mise à part couchsurfing bien sûr 😉
THEFRENCHWANDERESS
J’aime beaucoup tes articles et ton univers qui donnent envie de découvrir encore & encore de nouvelles destinations, merci ! ♥
Elisabeth
Japon sens trés intéresent! J’aime beaucoup le reportage de l’Iga! C’est unique voyager d’un place qui n’est pas trés touristes. Je n’ai pas connu avec le préfecture de Mie ou Matsuo Basho mais ça a l’air belle!
vitrier paris 4eme
j’ai trop aimé votre article! Bonne continuation
Melo
Quel plaisir de découvrir des aspects méconnus de cette préfecture. Autant je connaissais Ise, mais je n’avais jamais entendu parler des autres lieux! Merci pour la découverete!
Sarah
Merci!! du coup je découvre ton blog, il est top! par contre, j’essaie de mettre un commentaire, mais je n’arrive pas à cause de cette histoire de jet pack ou de mot de passe à rentrer sur wordpress.com tu devrais mettre un autre système de modération plus simple, car sinon on ne peut pas commenter.