Le King of pop est mort, vive le Prince… A défaut d’avoir jamais vu sur scène le Roi Michael Jackson, je ne pouvais pas rater le passage du Prince à Paris. LE concert événement de la rentrée en plus. Comme à son habitude, sa majesté n’en fait qu’à sa tête. Il assiste au défilé Chanel mardi 6 octobre au Grand Palais. « Tiens, la verrière est sympa » a-t-il dû se dire, et hop… Le jeudi, il annonce qu’il donnera deux concerts… le dimanche suivant. Et c’est le tout Paris qui se précipite… Les 11.000 billets mis en vente vendredi s’arrachent en 77 minutes-chrono, à 99 euros debout et 149 euros assis. Entre 300 et 500 euros sur eBay quelques heures plus tard…

Un beau défi pour la chasseuse de billets gratuits que je suis. Mon inséparable Emily est aussi de la partie, et on se retrouve toutes les deux en cette fin de dimanche tristounet d’octobre devant le Grand Palais. Le premier concert a lieu à 17h, le deuxième à 22h. Arrivée à 16h30, je me rends tout de suite compte que cette fois-ci, ce sera pas de la tarte… Equipée de ma précicieuse pancarte « Cherche une place gratos en échange d’un sourire », j’aborde les gens le long de la queue ou à la sortie du métro. Mais pas grand-monde n’a de billet de trop. Forcément, les gens ont acheté leurs places vendredi, il y a tout juste deux jours, alors c’est pas comme pour un concert lambda, où il faut avoir acheté son sésame six mois ou un an avant… avec donc plein de personnes qui ne peuvent pas venir le jour dit… Les rares qui ont des places en trop à proposer devant le Grand Palais sont des petits malins qui en ont acheté plusieurs dans le but de se faire de la tune, et donc avec eux, aucune chance d’avoir un billet gratos…

Chou blanc pour le concert de 17 heures. Aucun billet gratuit à l’horizon. Pas grand succès non plus à l’entrée VIP, où les vigiles douchent sévèrement notre optimisme en nous racontant que pour celui de 22 heures, ça risque d’être encore plus dur… Thierry Henry et Nicolas Anelka ont tenté de se faire inscrire sur la guest list, mais ils ont été refusés tellement c’était complet nous racontent-ils… « Ah bon… Mais attendez, j’ai un plus beau sourire que Nicolas Anelka quand même… » je rétorque… Hmm… Bon, c’est pas gagné…

Histoire de pas poireauter pour rien jusqu’à 22 heures, on en profite avec Emily pour faire un saut à l’exposition Renoir, au Grand Palais aussi… Et puis on sait jamais… Peut-être y aurait-il un mystérieux passage souterrain secret qui permettrait de passer des galeries de tableaux à la grande nef où se tient le concert ?? On guette les portes dérobées (qui mènent aux toilettes en général…)… Emily interroge les gardiens de l’expo… « Euh, Prince, mais c’est qui ???  Ah un chanteur… non connais pas…» Si si, on trouve même un gardien du Grand Palais qui connaît pas Prince… Et pourtant, dans toute l’expo, on entend comme un drôle de bruit de fond… Boum, boum, boum… Juste les basses, mais plutôt en rythme… Du coup, je suis pas hyper concentrée sur les baigneuses charnues de Pierre-Auguste… « Mais comment va-t-on faire pour réussir à voir ce putain de concert ??? »

Quelques jeunes filles au piano ou à la collerette rouge plus tard… Et surtout un bon plat de pâtes pour reprendre des forces, et me voilà d’attaque pour relever le défi: s’incruster gratos au concert de Prince!!! Il est 20h30. Aucune chance auprès des revendeurs de tickets au black devant le métro: ils lachent pas leur billet à moins de 140 euros pièce… Aucune chance non plus à l’entrée VIP. C’est encore un peu tôt pour les invités de marque. Avec des places assises numérotées, ils arrivent pas avant 21h30. Du coup, on tente notre chance à l’ entrée technique. C’est H… qui garde la porte, surveille les allées-et-venues et empêche les automobilistes impénitents de se garer pile devant… Il y a aussi X…, sorti prendre l’air quelques minutes… On engage la discussion. « Vous pourriez pas nous laisser rentrer s’il vous plait, on aimerait trop voir Prince en concert… » « Ah, ça c’est pas possible mesdemoiselles, désolé,
mais on peut pas vous laisser rentrer ». Taratata… Il en faut plus que ça pour nous décourager. Et comme ils sont sympas, on reste là à papoter. U2, Coldplay, Madonna, la Garden Party de l’Elysée (à deux pas du Grand Palais)… On en profite pour raconter toutes nos « incrustes de la mort »… Un palmares qui tient la route, mais qui manque de se retourner contre nous… « Mais si vous réussissez à chaque fois, ça devient trop facile, il faut quelques échecs de temps en temps… », nous sort X…. Et le pire, c’est que je suis d’accord. Les défis trop vite réussis, ça ne m’amuse pas non plus… Mais les échecs encore moins…

Et abracadabra, abricadabra… Pas loin d’une heure de dures tractations plus tard… Nous voilà à l’INTERIEUR!!! Et bien sûr sans la moindre contrepartie en échange: aucun billet filé en douce dans la poche des vigiles, ni numero de téléphone… Juste nos deux beaux sourires et l’envie évidente de réussir à rentrer dans le Grand Palais!!! Magique!!


Première impression. Le Grand Palais, ben…, c’est vrai qu’il est grand… J’ai un peu honte, mais c’est la première fois que j’y mets les pieds. La verrière est immense, et je comprend que Prince ait eu le coup de coeur pour cet endroit. On s’approche de la scène, encadrée par les escaliers tout de rouge illuminés. Tout en restant bien sur le côté gauche, car c’est par là qu’arrive la star, nous a prévenu notre sympathique « passeur » de l’entrée technique. Et juste le temps d’admirer les lieux qu’une grosse berline noire pénètre dans le Grand Palais. C’est LUI, c’est Prince!! Avec Emily, on fonce pour être aux premières loges à sa descente de voiture et on dégaine prestement nos appareils photos. Claquement de portières, il est juste devant nous, à un mètre… Clic Cl…ac… A peine le temps de presser le bouton qu’un gorille juste devant nous nous interrompt très fermement dans notre enthousiasme photographique: « Vous rangez TOUT DE SUITE l’appareil photo, ou sinon c’est DEHORS!! » Gloups… A sa voix, on sent qu’il faut même pas tenter de discuter ne serait-ce qu’une seconde, et on plonge rapidos nos appareils encore tout allumés au fond de nos sacs. Juste le temps d’apercevoir qu’un de nos voisins, apprenti photographe lui aussi, mais beaucoup moins chanceux, est en train de se faire courser par les vigiles, avant d’être mis dehors manu militari. Oulala… On est passées pas loin de la catastrophe en fait. Vu qu’on est rentrées par « des moyens détournés », on n’avait pas eu la consigne que toute photo était STRICTEMENT interdite, largement expliquée à l’entrée du public. Car le Prince a ses exigences. Interdiction formelle de le prendre en photo. Et résultat: on a faillit se faire virer avant même le début du concert!! Là, ça aurait été franchement les boules… Du coup, inutile de préciser que nos appareils resteront bien planqués tout au fond de nos sacs pendant tout le show. Un peu dégoutées de ne pas pouvoir immortaliser ce grand moment, mais les vigiles n’auront de cesse de traverser la fosse toutes épaules sorties pour virer sans ménagement les moindres contrevenants…


Les premières notes de musique résonnent dans la grande nef, et le Kid de Mineapolis fait son entrée sur scène, princier dans son costume blanc, veste brodée de motifs en arabesque, chemise noire. La classe incarnée. Début de concert avec « 1999 ». Petit par la taille, mais sur scène, qu’est-ce qu’il parait grand… Et super sexyyy en plus!! Finalement, il mérite bien le surnom de « Love symbol ». Regard ravageur et sourire charmeur, il impressionne par son aisance et son charisme. Tout le public lui obéit au doigt et à l’oeil, reprenant en choeur le refrain « fil rouge » de tout le concert: «All day, all night, you can be my babe, I’ll make you feel alright »… Il donne ses ordres aux techniciens en plein milieu des chansons. « Turn the lights off… Turn the lights on… Turn the lights off… » Magnifique, les jeux de lumière sur la verrière. Emotion, quand la grande nef est plongée dans le noir, avec seul un rayon pour l’illuminer, armé de sa guitare. A mi-concert, il invite même une vingtaine de veinards du carré VIP à venir danser sur scène avec lui.

Grands tubes pour la deuxième partie du concert, avec l’incontournable « Purple rain » et le déjanté « Kiss », qu’il déconstruit et réarrange d’ailleurs complètement, demandant au public d’entonner une nouvelle fois le « All day, all night, you can be my babe, I’ll make you feel alright… ». Sa majesté se fait un peu prier sur la fin du show, avec un rappel entre chaque chanson… Puis, grand prince, il jette sa guitare dans la fosse, s’éclipse sur le côté, et embarque dans sa berline noire. « All day, all night, you can be my babe, I’ll make you feel alright… » Le refrain résonne encore dans nos oreilles lorsqu’on s’achemine tranquilou vers la sortie. Je ne sais pas si finalement Thierry Henry et Nicolas Anelka ont réussi à rentrer.. Mais en tout cas, avec Emily, nous, on y était!!!

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7 commentaires pour “Sa majesté Prince au Grand Palais, gratos et sans invit…”

  1. Comme tu dis “on y était” et ça valait vraiment le coup! Tu as vachement résumé ou transformé en abracadabra notre entrée dans le grand palais et comment on a failli y entrer mais bon c’est pour garder une part de mystère je suppose! Et puis notre “passeur” était aussi très séduisant, ce qui a rendu notre heure de discussion très agréable!
    On forme vraiment une sacrée équipe de choc aussi bien sur le terrain (avec évaluations des meilleures solutions d’incrust et motivation) que sur le blog: l’article écrit par Sarah, les photos prises par Emily!


    • Sarah

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      c’est vrai que tes photos sont toujours meilleures que les miennes, va falloir que je fasse des progrès en tour du monde, car tu seras plus là pour m’accompagner (snif snif…) et quant à l’abracadabra, c’est effectivement pour préserver un peu le mystère… et aussi l’anonyma de notre “bienfaiteur”, très charmant je confirme…



    • Sarah

      Répondre

      tu parles du zoom de la video ? mais nous on était beaucoup plus près, on s’est faufilé sur le côté gauche de la fosse, à dix mètres de la scène


  2. babosa

    Répondre

    Belle performance que d’être entré ainsi ! Soudain, je me demande si j’ai eu raison de choisir la version plus classique pour voir Prince…


  3. Bravo les filles !
    Je transpire rétrospectivement, au fond je suis passé à deux doigts du “comment j’ai détroussé Pana sans billet avec un sourire” 🙂

    Amicalement

    Luc


    • Sarah

      Répondre

      mais quand tu dis “à deux doigts”…. c’est qu’on avait une chance ??? 🙂 au moins, on n’a pas tout perdu, deux coupettes de champagne et une heure de discussion bien sympa… biz


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